Ce blog étant grandement dédié aux dirigeants engagés en matière de redirection écologique et sociale, je ne pouvais ne pas mentionner le concept « d’entreprises régénératives » que certains d’entre-vous ont commencé à suivre, notamment pour ceux ayant suivis le parcours de la Convention des Entreprises pour le Climat ou qui ont été sensibilisé au concept de permaentreprise de Sylvain Breuzard (Norsys). Ce concept « d’entreprises régénératives » vient de faire l’objet d’une note de synthèse extrèment bien documentée à l’aide d’exemples concrets par un de ses initiateurs, que beaucoup d’entre vous connaissent déjà : Christophe Sempels de Lumia. Aussi je me suis permis de vous en donner un résumé synthétique qui devrait vous être utile ! Bonne lecture !
Les profonds dérèglements climatiques et sociétaux que connaît notre planète aujourd’hui sont la manifestation évidente qu’il nous faut très rapidement changer de paradigmes sociaux-économiques sans quoi l’anéantissement de la Vie sur Terre sera une quasi-certitude d’ici la fin du siècle. Oui, nous somme en grave « danger de mort » ! Alors, pour vous entrepreneurs, qu’est-ce-que cela signifie et comment pouvoir vous adapter à cette vague déferlante sans y laisser votre peau ? Aller au-delà de la « RSE à la Papa », au-delà de l’entreprise « contributive » (cf . ma note sur le sujet de 2019) – celle qui tente de faire moins mal et de réparer certains dégâts) – en visant un business modèle dit « régénératif ».
Mais qu’est-ce-que ça veut dire exactement ?
Et bien, selon Christophe Sempels, un modèle régénératif vise, à chaque décision, à soutenir et dynamiser la Vie et les services écosystémiques qu’elle nous rend. La régénération est à distinguer de la réparation, car il s’agit là de développer une véritable co-évolution et une symbiose avec le Vivant afin de développer les potentiels innés de ce Vivant. Une vraie….révolution me direz-vous, à la hauteur des enjeux.
L’entreprise régénérative repose sur 17 principes, dont 3 macro-principes :
- Approche systémique visant une valeur étendue partagée
- Conception et design bio-inspiré
- Nourrir les coopérations et les relations
Je vous renvoie à l’étude détaillée de Christophe Sempels pour de plus amples détails et exemples concret d’applications en entreprises en fin de billet, à son intervention à la Convention des Entreprises pour le Climat, mais en voici une synthèse.
L’entreprise régénérative repose sur :
- Des approches systémiques et de rétro-feedbacks, des interdépendances, des expérimentations et une apprenance permanentes ;
- Une valorisation de l’immatériel, une autolimitation, pour respecter le Vivant, créer un équilibre dynamique, co-évolutif ;
- Une gestion nouvelle des risques en acceptant la complexité et les inconnues de ce monde vivant en perpétuelles transformations écosystémiques dans des boucles de rétroactions : cela induit ne plus viser la performance, l’optimisation, mais l’atteinte d’un équilibre dynamique viable et soutenable, bien plus flexible, adaptogène et facteur de stabilité dynamique ;
- Un changement des process d’innovations : d’une logique causale, on passe à une logique effectuale où les buts émergent à partir des moyens disponibles à l’instant T ;
- Une création de valeur partagée et étendue à toutes les parties prenantes (donc un nouveau rapport au profit et à la comptabilité, notamment extra-financière, une approche sociale et solidaire) – voir à cet effet l’étude « Entreprise post-croissance » de Prophil ;
- Un développement d’une capacité d’autolimitation dans un monde fini où le Vivant ne croît pas à l’infini et où la notion de découplage croissance / baisse des impacts négatifs ne fonctionne pas, tout comme le ruissellement des richesses vers les classes moins privilégiées ;
- Un fonctionnement qui répare, restaure, réhabilite les condition du Vivant et du Système Terre ; (alliance avec le Vivant, contribution nettes positives) ;
- Une croissance qui n’est plus l’objectif prioritaire, avec même un renoncement à certaines activités extractrices ou négatives pour la planète et l’humain : modèle éconique « Stop, Start, Replace »
- Une circularité et une sobriété par essence, multifonctionnelle, ancrée dans son territoire, afin de satisfaire ses besoins en ressources
- Un renforcement des services écosystémiques et de régulation naturels dont l’entreprise profite gratuitement ;
- Un développement des relations symbiotiques et de coopérations avec toutes les parties prenantes et l’écosystème Vivant, qui passe aussi par des dimensions de diversité, d’inclusion, de développement des liens sociaux et la protection de la santé humaine et environnementale sous toutes ses formes, en lien avec les 17 objectifs de développement durable de l’ONU ;
- Un « empowerement » de toutes les parties prenantes, grâce au développement de leur agilité, de leur reconnaissance et renforcement des capacités d’apprentissages mutuels.
Alors….l’entreprise régénérative serait-elle une belle utopie dans ce monde hyper compétitif, focalisé sur le court-terme et la rentabilité financière ? Personnellement, je ne pense pas, bien au contraire. C’est un concept nécessaire, logique, visionnaire, presque évident si l’on y réfléchi bien, car basé sur les lois de la Vie que notre fonctionnement biocide a largement oublié. Car continuer avec le « Système » actuel nous conduit à une catastrophe annoncée depuis des décennies par de nombreux scientifiques et économistes. Alors, prêts pour l’entreprise régénérative ? Que pensez-vous de ce concept ? Quelles expériences en avez-vous déjà pour certains d’entre vous ? J’attends vos réactions, questionnement, témoignages en commentaires ou via le formulaire de contact ou les réseaux sociaux !
